Le goût du travail bien fait…quel pied !

« Il faut travailler, sinon par goût, au moins par désespoir, puisque, tout bien vérifié, travailler est moins ennuyeux que s’amuser. »


(Charles Baudelaire)

Il fallait que je le dise !

Le monde est paradoxal. Les injonctions le sont d’autant plus.

Les organisations demandent à leurs collaborateurs de se comporter avec respect, bienveillance, d’agir en autonomie, de s’adapter aux changements …et pour leurs managers, en plus de tout ceci, d’agir en étant des leaders, en sachant donner du sens…
Et pourtant, entre ce que demandent les organisations et ce qui se passe en réalité, je constate souvent un gap profond. Ces valeurs souvent communes qui doivent guider nos comportements et nos agissements font souvent défaut.
Pour couronner le tout, l’injonction est d’être heureux au travail. Le travail rendrait heureux ? Allons bon ! Laissons les gens déterminer ce qui les rend heureux. Que les organisations mettent en place les conditions du bien-être est une bonne chose en soi mais je trouve cela « mensonger » de faire croire aux gens et en particulier aux jeunes que le travail va les rendre heureux. Pour certains certainement, pour d’autres beaucoup moins.

Le travail, c’est surtout de l’effort. Et quand on parle d’effort, on peut parler aussi d’inconfort, de complexité, de dureté.
Pour autant, si nous considérons que le travail demande des efforts, le pendant en est la satisfaction des résultats individuels ou collectifs.
Je pense qu’aujourd’hui nous oublions de relier ces notions de bienveillance, de respect, d’autonomie….à quelque chose qui me semble essentiel : le goût du travail bien fait.

En le remettant à l’honneur, il me semble que ces notions seront plus faciles et évidentes à pratiquer au quotidien.
Prenons 3 exemples :

Donner du sens : lorsque les individus savent à quoi ils contribuent, qu’ils ont des réponses à ce pourquoi ils font les choses, ils peuvent à minima y prendre goût.
Aux organisations et donc aux managers de dire ce à quoi les individus contribuent, de le répéter et de rendre compte des résultats de ce travail.
On touche là immédiatement à la reconnaissance : reconnaissance des efforts, reconnaissance de l’investissement individuel ou collectif, reconnaissance de l’engagement des équipes et des individus. Si le « goût du travail bien fait » est au cœur des préoccupations et des échanges entre les individus, il me semble que donner du sens et pratiquer la reconnaissance devient plus aisé.


Le respect
Derrière le goût du travail bien fait, il y a une notion qui vient immédiatement en suivant, celle du respect. Et le premier des respects est celui de l’outil de travail. Je suis toujours très admirative quand je regarde faire un artisan. Tous les jours, jusqu’à la fin de son chantier, il va prendre soin de ses outils. Car sans l’outil ou avec des outils mal entretenus, le travail devient dur et se complique. Respecter son outil de travail, cela s’apprend.

Et si nous considérons que prendre soin de son outil de travail est relié à cette notion du travail bien fait, il me semble que l’effort à produire devient un geste plus simple à réaliser car le bénéfice sera supérieur à l’effort.

Bien sûr, le respect concerne aussi les co-équipiers entre eux et les managers vis-à-vis de leurs co-équipiers. Le respect, la reconnaissance, l’attention que l’on porte aux collaborateurs et à leur travail sont essentiels pour donner envie de travailler.

Combien de fois ai-je entendu des salariés se plaindre qu’un manager ne vienne pas les saluer ou passe à côté d’eux sans prendre quelques secondes pour une franche poignée de main ?

À chaque fois, ils ressentent cela comme une gifle assénée. Le regard de l’autre est important. Ne pas regarder est un manque de reconnaissance évident. Il me semble paradoxal de mettre en place les conditions du bien-être au travail et de ne pas être en mesure de respecter la moindre des politesses.

A mon avis, renouer avec le respect tant demandé peut se faire à la condition que les individus portent une attention plus vive à la qualité du travail qui est en train d’être fait.


Le travail d’équipe
« Le goût du travail bien fait » est aussi une affaire collective. Il touche directement à la notion de « bien travailler ensemble » : l’occasion d’une réussite, d’une satisfaction commune.
On trouve des solutions ensemble, on se surpasse ensemble, on met en commun ses savoirs, on réfléchit à l’amélioration, on s’entraide, on s’entraine, on fait de l’échec une opportunité de s’améliorer ensemble.


Image parHenning Westerkamp de Pixabay 

On retrouve ici la notion de sens :

A quoi sert-on ? Que fait-on ensemble ? Que construisons nous ensemble ? Cela suppose une communication assidue sur les finalités et un retour continu de ce qui va et de ce qui ne va pas.
Cela suppose aussi de faire confiance aux équipes, de travailler sur ce que nous apprenons aux autres, de considérer que chaque métier à de la valeur. Cela suppose enfin de se parler en mettant en avant le travail et ce à quoi nous contribuons chaque jour.

« Être heureux au travail », je ne sais pas mais « être satisfait de son travail», oui, j’y crois fermement.

Le travail, pour lequel chacun d’entre nous se lève le matin avec plaisir ou pas, avec bonheur ou ennui, avec joie ou stress.
Le travail, source de grande satisfaction quand l’effort de chacun et d’un collectif porte ses fruits.
Le travail qui nous fait éprouver nos qualités humaines.

Remettons à l’honneur le « goût du travail bien fait » pour que toutes ces valeurs – respect, reconnaissance, bienveillance, attention portée aux individus et aux collectifs… – ne soient plus des valeurs attendues et vides de sens mais retrouvent leur lettre de noblesse.


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