Les interviews croisées
Les interviews croisées sont le moyen de plonger dans la vision la plus intime qui soit d’une entreprise, à travers le regard que portent tour à tour un directeur et un employé de la structure. Découvrez ce passionnant échange de points de vue dans cette nouvelle série de portraits, au plus près de la réalité d’un site. Et en fin d’interview, le bonus : la rubrique « le pied à l’étrier » qui diffuse les opportunités d’emploi du moment dans l’entreprise !
Au sommaire :
Interviews croisées #4 - PSD
Aline Deniau, directrice de production - PSD
Aline, raconte-nous ton parcours professionnel :
J’ai fait des études de management de la qualité, sécurité et environnement. J’ai démarré chez Sanofi à Bordeaux. On m’a proposé un poste de chef d’atelier, de nuit. J’ai découvert les enjeux de la production ainsi que les côtés humains de ce poste. Cela m’a plu et j’ai décidé de rester à la production. Je suis arrivée en 2013 chez Carpenter comme chef d’atelier.
Après le rachat en 2016 par PSD, tout était à faire : la base de données, former les salariés aux nouveaux ERP, recréer une dynamique au sein de l’atelier de production. Le travail de chacun a permis d’obtenir une structure qui se solidifie de jour en jour.
Aujourd’hui en 2018, Cyril Trottier mon N+ 1 m’a demandé d’être responsable de production des sites de Libourne et St Jean D’Illac. Je suis secondée par mon chef d’atelier à Libourne et par un responsable de production à St Jean d’Illac.
Je ne pensais pas avoir une évolution aussi rapide. Cela me convient et je ne me verrais pas faire autre chose. Être responsable de production c’est tellement varié. C’est un poste où l’on touche à tout : la logistique, l’ADV… j’ai une vision d’ensemble. Ce qui est appréciable et nécessaire.
En quoi consiste ton métier ?
En tant que responsable de production de 2 sites, je dois mettre en place un fonctionnement cohérent entre les 2 sites. Je dois mettre en place des indicateurs et valoriser les opérateurs et leur travail.
Quels sont les enjeux de ton métier ?
L’enjeu pour PSD est de diversifier notre production. C’est aussi un enjeu pour les opérateurs afin qu’ils puissent monter en compétences, évoluer dans leur métier avec de nouveaux concepts de production et de nouvelles machines. A moi de les accompagner dans cette évolution.
Quelles sont les qualités essentielles pour exercer ce métier ?
D’abord savoir communiquer avec les opérateurs et être à leur écoute. Cela est indispensable pour créer du lien, de la confiance. Grâce à cela, l’autorité s’exerce plus naturellement. Je connais tous les opérateurs ainsi que leurs soucis. C’est important également que mon chef d’équipe ait la même ligne de conduite, afin de bien fonctionner ensemble et avec les opérateurs. La communication est un enjeu dans le management.
La fonction exige aussi d’avoir une personnalité « décisive » Les gens sont en attente de nos décisions, à moi de bien répondre à cette attente et cela passe aussi par la communication.
Enfin, il faut être réactive. Il n’y a pas de routine dans ce métier, il n’y a pas un jour identique à l’autre. J’arrive le matin, je prévois ma journée et finalement je fais souvent tout… sauf ce que j’avais réellement prévu.
Tu es une jeune femme, responsable de production, comment as-tu construit ta légitimité ?
Il est vrai que lorsque une jeune femme arrive comme responsable de production, tu sens les a priori : les hommes te jugent parce qu’en tant que femme, ils pensent que tu n’es pas forte et que l’autorité c’est plutôt eux qui l’ont et les femmes c’est plus compliqué, on ressent plus de la compétition ou de l’envie.
Pour ma part, je me suis investie dans l’atelier : j’ai montré que je pouvais soulever des plaques (et j’en soulevé beaucoup), j’ai appris à faire tourner les machines, je me suis levée tôt pour être au travail à 5h00 du matin avec les opérateurs. En fait, à notre poste, il faut savoir comment l’atelier fonctionne, il faut le connaitre. Et c’est parce que l’on connait l’atelier (les hommes et les machines), c’est parce qu’on connait le boulot que la légitimité s’installe.
Quelle est la première chose que tu fais en prenant ton poste ?
J’allume mon ordinateur.
Qu’apprécies-tu le plus dans ton métier et ce que tu apprécies le moins ?
Ce que j’apprécie, c’est le lien avec les gens. Arriver à créer ce lien même si cela n’est pas évident. L’humain est compliqué à comprendre.
Ce qui est difficile c’est de lier les tâches quotidiennes et le long terme. C’est compliqué et cela amène aussi de la frustration car les gens ne reconnaissent pas cela. On est là pour eux, pour les protéger, pour organiser la production au mieux et accompagner les évolutions. Même s’il y a de la sympathie, et que c’est mon boulot, il y a derrière tout cela énormément de travail.
De quoi es-tu la plus fière ?
Spontanément, je dirai avoir réussi avec les équipes à répondre à un client qu’on avait du mal à gérer en termes de production. On a mis des choses en place : organisation des gammes, mise en place de programmes en cohérence avec la demande du client. Pour cela on a intégré tous les opérateurs à la réflexion, on a pris des stagiaires. Cela a été un gros travail qui a duré environ 8 mois, qui a généré du stress mais au final, le résultat est là. Avant quand ce client nous appelait on était plus dans le « oh non …. » et maintenant tout le monde se dit « tout va bien »
Ce qui te fait te lever tous les matins pour PSD ?
Ce sont les enjeux et puis je suis bien au travail, car il y a une bonne entente avec l’ensemble des salariés. S’il n’y a pas d’entente, c’est affreux. Et puis il y a également de nouveaux projets. On en veut toujours plus.
Que dirais-tu aux jeunes qui ne connaissent pas le monde de l’industrie, pour leur donner envie de s’y intéresser ?
Ce sont des métiers où on touche à tout. C’est tellement varié, vaste, il y a tellement de choses à découvrir. Les machines sont à la pointe de la technologie, il y a des enjeux pour se développer et être plus performant. En clair, c’est hyper intéressant.
Le cliché du travail à la chaine n’est qu’un cliché. Ici les ouvriers sont polyvalents, sont associés à la réflexion. Il n’y pas de routine dans l’industrie. C’est chouette
Recherchez-vous des postes ou des profils particuliers en ce moment ?
Nous sommes à la recherche d’un stagiaire pour de la programmation machine. Maintenant !
Avec un profil ingénieur industriel. Le stage est de 3 mois minimum sur Libourne.
Qu’aimerais-tu rajouter et que mes questions ne t’ont pas permis de dire ?
Je veux parler en tant que femme et dire aux femmes qu’il faut se lancer. Être responsable de production n’est pas seulement un métier d’hommes. Les enjeux sont intéressants et l’intégration se fait à partir du moment où l’on connait le travail et l’atelier de production. Ce n’est pas une question d’homme ou de femme.
Marie-José, raconte-nous ton parcours professionnel :
J’ai été embauché en 1977. A l’époque, la société s’appelait inter-mousse, et ils recherchaient des personnes à l’emballage. A partir de là, j’ai été formée à plusieurs endroits : machines, collage …
J’ai vu toute l’évolution de la société. 41 ans de travail Aujourd’hui, je suis opératrice et polyvalente. On peut me mettre n’importe où, je sais tout faire.
En quoi consiste ton métier ?
Aujourd’hui il y a de nouvelles machines. Il y en a une en particulier qui est très belle et on peut la programmer pour faire plein de produits. Par exemple des tours Eiffel en mousse. Il faut donc programmer la machine, poser les blocs, couper à la dimension. Bref faire le produit de A à Z.
Quelles sont les qualités essentielles pour exercer ton métier ?
Il faut être vaillant : il ne faut pas se dire le lundi matin, vivement le vendredi car le boulot c’est à la fois physique et mental. Il faut donc avoir ce tempérament. Je suis là pour bosser, j’ai un contrat, je dois réaliser le travail. Il faut donc aussi être ponctuel.
La communication est importante également, il faut travailler avec les autres et la communication aide à être solidaire.
De quoi es-tu la plus fière ?
Ma plus grande fierté c’est d’être toujours là et je n’ai jamais arrêté pour un oui ou pour un non. J’ai de la fierté à bien faire mon travail. Ce qui signifie que le client est satisfait tant par la qualité du produit que par des délais de production tenus. Ça, ça me rend fière.
Ce qui te fait te lever tous les matins pour PSD ?
Mon travail. J’ai toujours aimé mon travail.
Ce qui te plait le plus dans ton métier et ce qui te plait moins ?
Je ne peux pas dire ce que je n’aime car à partir du moment où je travaille cela me plait. Comme on ne fait jamais la même chose, les journées passent vite.
Le chef d’équipe me dit tous les matins où je vais être postée. Moi je regarde les fiches qui m’indiquent ce qu’il y a à produire dans la journée.
Toutefois, ce qui me plait moins, c’est que je trouve que l’entraide est moins forte. Avant il y en avait plus. Et il faut remettre de l’entraide entre nous. Il y a toujours des choses à améliorer, notamment entre les « humains ». Les chefs d’équipes doivent être plus sévères. En tout cas moi, je le serais si j’étais chef d’équipe. On me l’avait proposé mais j’ai refusé.
Que dirais-tu aux jeunes qui ne connaissent pas le monde de l’industrie, pour leur donner envie de s’y intéresser ?
Ne croyez pas ce qu’on vous dit sur le travail en usine et sur le travail à la chaine. Au contraire, le travail est intéressant, on a la satisfaction de faire de belles pièces, on a la satisfaction du travail bien fait. On est formé, on évolue. Le travail est varié. Ça bouge. En plus chez PSD, on est les « rois-carottes » : nos chefs sont ouverts, l’organisation du travail est bonne.
Interviews croisées #3 - BMI
Virginie Binvenu, directrice de BMI - Bergerac Mécanique Industrielle (24)
Virginie, raconte-nous ton parcours professionnel :
J’ai commencé par l’enseignement en tant que prof d’espagnol. Alors que j’étais en année de CAPÉS, je faisais des remplacements, je me suis aperçue que je ne me voyais pas faire cela toute ma vie. J’ai donc arrêté, fait un bilan de compétences puis un Master en management de projet à l’Inseec Bordeaux en 2005. Ce master a été une révélation.
Puis j’ai travaillé comme responsable commerciale dans la cosmétique chez VH cosmétiques. On vendait des projets complets de la formule au pack (vernis, rouge à lèvres) pour des marques. Cette entreprise a été rachetée et l’activité a été transférée à Paris. J’ai suivi pendant 5 ans. Et puis faire la navette entre Paris et Vélines (24) avec trois enfants m’a décidé à changer d’activité.
J’ai donc intégré une briqueterie à Fumel où je faisais du développement de produits. Enfin cela faisait longtemps que je désirais travailler avec mon mari. Nous avons eu l’opportunité de reprendre la société BMI (Bergerac Mécanique industrielle) que j’ai dirigée à partir de 2015. Mon mari en est le gérant et dirige la Sotech.
BMI c’est quoi ?
BMI ce sont 18 salariés et 2 à 4 intérimaires. BMI est une entreprise de sous-traitance qui développe 3 secteurs d’activité : la protection réseau incendie, l’usinage conventionnel et la petite chaudronnerie. Je gère plus spécifiquement la partie usinage et chaudronnerie, une personne s’occupe de la protection incendie.
En quoi consiste ton métier ?
Mon métier consiste a toujours faire du commercial, à savoir trouver du « travail ». Je veille à ce que les commandes se fassent correctement, dans les délais, j’encadre les salariés et puis bien sûr je fais de la gestion financière. En bref, je fais tout, du devis jusqu’à la commande.
Passer de la cosmétique à la mécanique industrielle, c’est un changement radical ?
Ce qui a été compliqué au départ, c’était la partie technique. J’ai fait une formation usinage pour avoir les bases et la première année, en 2015, j’ai été accompagnée par le directeur en place.
Quand as-tu senti que tu avais acquis ta légitimité ? Quel est ton principal enjeu aujourd’hui ?
Le gérant est parti fin 2015 et là j’ai pris mon envol. Cela m’a demandé une année pour prendre en main le fonctionnement. Mais dès 2017 je savais où j’allais et comment je devais y aller.
Aujourd’hui, j’ai besoin de prendre de la hauteur pour pouvoir construire le développement de BMI. Mais il faut du temps et la réorganisation de l’entreprise prend du temps. Pour me libérer, je suis en train de recruter un chargé d’affaires qui me permettra de pouvoir m’accorder ce temps de réflexion.
Quand tu parles de réorganisation, à quoi fais-tu référence ?
BMI a une forte croissance. Nous sommes passés de 1,5 million de CA en 2015 à 2,6 millions de CA à fin 2017. J’arrive à un stade où je ne peux plus continuer comme cela surtout que nous avons l’ambition de passer la barre des 3 millions de CA. Donc en ce moment nous démarrons un audit qui va durer environ 6 mois pour voir quelle va être la bonne organisation pour passer ce cap.
Qu’est-ce qui vous a amené cette forte croissance ?
Plusieurs facteurs :
D’abord la dynamique des dirigeants. Pour trouver des contrats, je travaille en synergie avec la sotech que mon mari dirige. La sotech sous-traite à BMI.
Les salariés ont joué le jeu, ils ont suivi la dynamique de croissance, ils sont une part de cette réussite. Enfin le bouche à oreille a bien fonctionné.
Pour faire face à cette croissance, nous avons agrandi l’usine avec un investissement sur une ligne semi-automatique en 2017. On a aussi fait des recrutements dans chaque secteur que nous développons à savoir la protection incendie, l’usinage et la chaudronnerie.
De quoi es-tu la plus fière ?
D’avoir réussi ce développement. On a réveillé une grande endormie et on a su garder l’esprit de famille avec une bonne entente entre les salariés. Les gens sont heureux de venir travailler et on ne peut rien faire sans eux.
Ce qui te plaît le plus dans ton métier et ce qui te plaît moins ?
J’aime particulièrement le contact avec les clients et la gestion des hommes. J’aime bien avoir le regard sur les chiffres, par contre j’aime beaucoup moins l’administratif et tout ce que demande la législation sur la sécurité. Bien que nécessaire, ce n’est pas ce que je préfère.
Pour l’encadrement, j’aime le contact, j’aime pouvoir accompagner les salariés dans leur épanouissement. Dans nos métiers, nous sommes confrontés de suite à ce qui ne va pas, cela me remet toujours en question.
Quelle est la première chose que tu fais en arrivant à ton poste ?
Dire bonjour aux salariés. Puis, je regarde si les affaires sont bien lancées. Ensuite, je regarde la banque et après la journée démarre. Ce que j’aime aussi c’est qu’il y a une grande variation dans le travail. Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Le côté technique me plaît également, il y a une vraie valeur ajoutée dans le travail et j’apprends tous les jours.
En tant que dirigeante, quelle sont les qualités indispensables pour exercer ce métier ?
Il faut avoir des qualités d’écoute et savoir être ferme, tout en sachant se remettre en question.
Il faut savoir se faire respecter tout simplement en respectant le savoir-faire des salariés. D’autant que je n’étais pas du métier. Mais à partir du moment où on respecte le travail et on est à l’écoute et si bien sûr on fait notre métier c’est-à-dire ramener du travail, tout se passe bien. Je crois que le mot c’est qu’il faut être juste avec les gens.
Enfin, je crois qu’être une femme cela m’a aidé. J’ai du caractère. En 2015, l’ancien gérant a fait le pari sans être totalement convaincu mais à son départ, il avait changé d’avis !
Que dirais-tu aux jeunes qui ne connaissent pas le monde de l’industrie, pour leur donner envie de s’y intéresser ?
Dans notre secteur, Ils vont produire des produits de leur propre mains, ils vont prendre des projets de A à Z, ils vont toucher à différents matériaux (alu, inox, acier), ils vont devoir passer par des machines différentes. La chaudronnerie demande de la polyvalence et de la connaissance avec toujours en ligne de mire la satisfaction des clients. C’est passionnant.
Concernant l’usinage, c’est un métier très valorisant, complexe. On travaille ici de très grosses pièces. On ne fait pas des séries. Il faut donc avoir la tête froide, de la minutie et de la réflexion pour savoir comment on va monter la pièce.
Le regret que je peux avoir aujourd’hui c’est que les jeunes sont formés au numérique. On ne les forme plus à l’usinage conventionnel (versus séries), ce qui va générer de la pénurie alors que c’est un métier d’avenir, dans lequel on peut bien gagner sa vie.
Je prends environ 6 stagiaires par an. Quand les stagiaires repartent de chez BMI, ils ont envie. Je les sélectionne aussi sur leur savoir-être et je leur demande de profiter de pouvoir travailler avec des chaudronniers d’expérience. Pour être un bon chaudronnier cela demande au moins 5 ans, pareil pour l’usinage. Comme les pièces sont uniques, il faut en faire beaucoup pour acquérir le geste et la capacité à utiliser différentes machines. A chaque pièce, on se remet en jeu.
Pour exemple, nous avons un usineur qui part en retraite et qui a 40 ans de métier derrière lui. Il peut encore devant une pièce « se gratter la tête » pour savoir comment il va faire pour la réaliser. Ce sont des vrais savoir-faire que nous perdons, même si j’ai anticipé ce départ en prenant un usineur pour travailler en binôme avec lui depuis un an. Mais un an ne suffit pas. Il en faudrait 5, mais là ce n’est pas possible en termes de coûts. Tout cela pour vous dire que c’est un vrai métier d’avenir.
Qu’aimerais-tu rajouter et que mes questions ne t’ont pas permis de dire ?
J’encourage les femmes qui veulent se lancer dans l’entrepreneuriat. C’est courageux quand on est mère de famille mais c’est un beau métier, c’est passionnant. Moi je suis quelqu’un d’attaché à la relation humaine. C’est ce que j’aime et c’est ce qui est enrichissant.
A partir du moment où l’on a l’envie même si on ne maitrise pas la technique, cela s’apprend. Il y a des bases qu’il faut avoir pour savoir de quoi on parle avec ses salariés et ses clients, c’est important mais pour autant même si je ne sais pas usiner, je dirige une société de mécanique industrielle.
Ce que je peux rajouter, également c’est que je suis la directrice de l’établissement et mon mari en est le gérant. Le travail en couple est une vraie force, on se soutient dans le développement de la stratégie, nous sommes très complémentaires, cela fabrique de l’émulation.
Jean-Guy, raconte-nous ton parcours professionnel :
J’ai eu un bac en contrat de qualification. En 1998 je suis rentré chez BMI. Cela fait 20 ans que je fais de la chaudronnerie pour différents patrons et 20 ans chez BMI.
Et ton métier ?
A partir d’un plan, on va fabriquer une pièce de A à Z. Je touche à tout : cela va du portail à la charpente en passant par la petite cuve et la tuyauterie inox. Je fais aussi de l’usinage et de la soudure sur inox, acier et alu.
Qu’est ce qui te plaît dans ton métier ?
C’est concret. On fabrique une pièce de A à Z de ses mains à partir d’un plan. Je vais chez les clients, je discute avec eux de ce qu’ils veulent, je réalise les plans, je calcule la matière et si le prix leur convient, je fabrique la pièce et je pose. Maintenant, j’ai une autre casquette puisque j’encadre aussi 3 personnes. Cette fonction m’amène à moins fabriquer mais c’est un autre volet que j’apprécie.
Quel est l’enjeu de ce métier ?
L’enjeu se situe à 2 niveaux :
En amont sur l’estimation du temps de fabrication. On estime le temps que l’on va mettre à faire telle ou telle soudure. Il ne faut pas se tromper.
En aval, l’enjeu se situe sur la finition. Le travail doit être bien.
De quoi es-tu le plus fier ?
Tout d’abord mon évolution puisque aujourd’hui j’encadre 3 / 4 personnes.
Ce que je fabrique est aussi beaucoup plus complexe. Par exemple une cuve industrielle que j’ai réalisée pour une entreprise. Je n’en fais pas souvent et il a fallu la réaliser de A à Z.
Quelles qualités faut-il avoir pour exercer ton métier ?
Il faut aimer ce métier. Et aimer faire du bon travail, du travail propre. C’est-à-dire qu’il faut être minutieux et patient, il faut savoir s’organiser et comprendre l’ordre de la fabrication. C’est donc un métier qui demande de la réflexion et de la préparation. Il y a des calculs à faire par exemple pour le développé de circonférences pour fabriquer une cuve. Pour devenir un bon chaudronnier cela prend 4 à 5 ans.
Qu’est ce qui te fait lever pour BMI tous les matins ?
L’ambiance de l’entreprise. Nous ne sommes pas des numéros, c’est une entreprise familiale et Virginie est à notre écoute. Si on a un problème chez soi, on peut en discuter.
Le travail dans lequel j’évolue. J’ai fait de la formation soudure, je suis monté en qualification soudure sous azote pour tuyauterie en inox et une formation pour le réseau gaz des villes pour lequel je travaille sur l’acier. Avant j’ai appris sur le tas ; maintenant, je fais de la formation.
Et puis pour être franc, le salaire.
Que dirais-tu aux jeunes qui ne connaissent pas le monde de l’industrie, pour leur donner envie de s’y intéresser ?
C’est un métier d’avenir ! Même s’il y a des machines qui nous aident c’est quand même les hommes qui font les pièces. Il faut aimer le métal. Il y a une réelle satisfaction à réaliser de ses mains une belle pièce. C’est un métier où on apprend en permanence.
Je trouve qu’aujourd’hui les diplômes sont d’un moins bon niveau. Même si les apprentis bossent bien, il faut être là en permanence alors qu’il y a 20 ans quand on sortait avec le bac pro en poche nous étions capables de nous débrouiller seuls et de faire un travail propre. L’alternance est vraiment un atout, c’est là où on apprend le mieux. Mais aujourd’hui un stage c’est 7 à 8 semaines/an, c’est loin d’être suffisant. C’est dommage car je le redis c’est un métier d’avenir.
Interviews croisées #2 - Diam Bouchage
Alain Cano, directeur du site Diam France à Céret (66)
Alain, raconte-nous ton parcours professionnel :
Mon père transportait, livrait des balles de liège d’Espagne vers la France et je l’accompagnais de temps en temps lors des livraisons chez les bouchonniers locaux. J’ai commencé à travailler dans le liège comme saisonnier à l’âge de 15 ans.
J’ai quitté l’école avec un CAP de mécanique en poche.
J’ai commencé à travailler à l’usine comme opérateur de production. Le contremaître de l’époque me confiait des missions. En effet, l’entreprise alors située au Boulou était en croissance. Dès 1982, je commence à encadrer une petite équipe.
En 1990, l’usine investit un nouveau site de production à Céret, je prends en charge toute la finition des commandes clients de l’usine.
En 2005, les activités de bouchons naturels sont abandonnées, toute la production se tourne maintenant vers des bouchons technologiques. A partir de 2009, je prends en charge tout le management de la production du site pour en 2013 assurer la direction de l’usine de Céret (environ 100 personnes).
Je me suis formé sur le tas, et même si le parcours n’a pas été facile, il a été enrichissant et m’a permis d’acquérir de belles expériences humaines et professionnelles.
En quoi consiste ton métier ?
Une usine est faite de machines, de process mais surtout de femmes et d’hommes qu’il faut « guider » vers des objectifs de production, de qualité au service de nos clients.
Ma mission est d’impulser tout au long de l’année les directions à prendre en fonction de la charge de l’usine, m’assurer que les moyens humains et les machines sont bien déployés pour répondre aux demandes de nos clients, tout en maintenant un bon niveau de qualité, de sécurité en en respectant les normes environnementales liées au fonctionnement du site. Pour cela, je m’appuie sur une équipe d’encadrants : fabrication, maintenance et finition
Quelles sont les qualités essentielles pour exercer ton métier ?
Il faut être rigoureux et méthodique. Il faut être juste et impartial. Les collaborateurs doivent se sentir en confiance afin d’adhérer à la démarche de l’entreprise.
Il faut également une grande capacité d’adaptation aux situations nouvelles et difficiles. Il faut avoir du sang froid et arriver à travailler dans l’urgence. Mon éducation m’a appris à être très vite responsable et à gérer des situations urgentes. Cette éducation me sert tous les jours dans mon métier.
Quelle est la première chose que tu fais en arrivant à ton poste ?
Je branche l’ordinateur et je regarde les mails qui sont tombés pendant la nuit. Puis je mets ma blouse et mes chaussures de sécurité et je fais le tour de l’usine (extérieur/intérieur) pour saluer les collaborateurs qui travaillent aux déchargements des camions, mais aussi ceux qui sont en production. En faisant le tour de l’usine, je cherche ce qui ne va pas pour anticiper les situations qui pourraient générer de l’insécurité ou de la non-qualité.
De quoi es-tu le plus fier ?
Ma plus grande fierté est d’avoir participé au redressement de ce site qui a été en grande difficulté dans les années 2000 et de voir maintenant tout le chemin parcouru. En 2004, il y a eu un plan social. Nous avons perdu beaucoup de compétences et il a fallu reconstruire, former d’autres collaborateurs qui étaient mono-tâches pour les rendre plus polyvalents et autonomes.
Quels sont tes principaux enjeux à venir en tant que directeur de site ?
Les enjeux sont économiques : pour maintenir une activité pérenne, il faut que l’entreprise génère des résultats positifs. Je dois m’assurer toutes les semaines que les coûts, les charges de l’usine sont bien maîtrisés et que tout le personnel est occupé sur des activités rentables.
Les enjeux sont aussi humains car pour que le site se développe et absorbe la croissance (production/technique et qualité) il faut former les équipes pour les rendre plus autonomes et polyvalentes.
Ce qui te fait te lever tous les matins pour Diam Bouchage ?
J’aime mon travail, j’aime le liège, je suis heureux de venir travailler dans cette société, cette usine, pour partager des moments forts avec les autres salariés. Cela fait maintenant plus de 38 ans que je suis dans l’entreprise.
En bref, le plaisir de travailler dans un secteur riche de traditions mais permettant un développement technique élevé comme le procédé Diamant.
Ce qui te plaît le plus dans ton métier et ce qui te plaît moins ?
Ce qui me plaît c’est la liberté dans mon champ d’action et dans la gestion de mon quotidien. C’est dans les gênes de Diam. On peut proposer, mettre en place des actions facilement. On peut tenter des choses. On a le droit à l’erreur.
Les échanges avec les autres personnes de l’usine sont pour moi très enrichissants.
Les inconvénients sont que nous vivons au rythme de la production de l’usine, 7 jours sur 7. Avec le management de l’usine nous devons gérer les pics de production, les dysfonctionnements, être réactifs. Nous sommes soumis au stress permanent qu’il faut maîtriser. Le poids des responsabilités est important. Si on n’est pas bien dans sa tête, cela peut être compliqué.
Comment fais-tu pour déstresser ?
Je fais beaucoup de sport, de la montagne en particulier. Et puis j’ai passé un cap, je sais prendre de la hauteur maintenant pour ne pas paniquer ou que les difficultés ne m’atteignent trop personnellement. J’essaie d’inculquer cela à mes équipes.
Que dirais-tu aux jeunes qui ne connaissent pas le monde de l’industrie, pour leur donner envie de s’y intéresser ?
Je leur dirais de ne pas avoir peur d’aller vers des métiers techniques. Il y a beaucoup de métiers variés dans l’industrie. Il y a aussi des passerelles qui permettent des évolutions. Mon parcours en est un exemple. On ne se lasse pas car les améliorations techniques et organisationnelles sont quasi permanentes. On se sent utile car on fait des choses visibles, concrètes et on peut en voir le résultat tous les jours.
Et puis les salaires sont évolutifs en fonctions des missions et des responsabilités. On peut commencer une carrière en bas de l’échelle et la terminer à des fonctions plus élevées. C’est aussi cela qui est intéressant, l’usine permet d’apprendre toute la vie et d’évoluer.
Quels sont les métiers que Diam pense développer sur son site ?
Au fur et à mesure de la croissance du groupe, nous continuerons à développer des postes en production, tout en cherchant des personnes qui soient capables d’évoluer, d’être polyvalentes et autonomes.
Nous développerons des métiers techniques : maintenance, supervision, électronique.
Enfin d’autres métiers dans les fonctions support comme les méthodes, la planification, la qualité et la recherche.
Recherchez-vous des postes ou des profils particuliers en ce moment ?
Nous recherchons et formons actuellement des conductrices et des conducteurs de lignes de production pour préparer notre montée en capacité. Le Vallespir n’est pas un bassin industriel. Nous ne trouvons pas toujours des personnes ayant des notions et des parcours industriels.
Enfin quand un groupe et des usines grandissent et augmentent leur capacité de façon importante, la plupart du temps les services supports se structurent aussi pour permettre la croissance : comptabilité, informatique, R&D.
Qu’aimerais-tu rajouter et que mes questions ne t’ont pas permis de dire ?
Qu’il faut avoir confiance en ses capacités à réussir, et ne pas baisser les bras à la moindre difficulté.
Qu’il faut être patient et démontrer ce dont on est capable de réaliser avant d’en tirer profit.
Enfin qu’il faut être respectueux des autres pour être respecté soi-même.
Clément, raconte-nous ton parcours professionnel :
J’ai commencé par des études d’électrotechnique à Perpignan et à Carcassonne.
Puis je me suis engagé dans la marine nationale à Brest. J’ai passé 3 ans sur le porte-avion Charles de Gaulle puis 1 an sur le Tonnerre, bâtiment de projection et de commandement.
Et puis j’ai voulu passer à autre chose. J’ai intégré la SPI et c’est là en tant que sous-traitant que j’ai rencontré Diam Bouchage. Diam Bouchage a été un de mes premiers chantiers, j’étais détaché à 50% chez Diam et sur toutes les usines. J’y étais bien car c’est une entreprise familiale, avec plus de liberté, c’est agréable.
Je me suis occupé du process à Diamant 3. J’ai sympathisé avec le chef de projet Diam et je lui ai donné mon CV. Cela fait maintenant 3 ans que j’ai intégré l’usine de Céret.
C’est quoi Diamant 3 ?
C’est la partie de l’usine qui s’occupe du traitement du liège.
En quoi consiste ton métier ?
Je suis technicien de production. Je vérifie et je supervise le bon déroulement du procédé Diam, de la gestion des stocks à la maintenance de 1er niveau en passant par l’analyse du grain. Je fais les 7/5 c’est-à-dire que je travaille 5 jours en 3/8 (journée et nuit) et puis j’ai 5 jours de repos.
Quels sont les enjeux de ton métier ?
Diam 3 c’est la première partie de l’usine, c’est la première partie de la fabrication d’un bouchon. Je traite la matière première. Je dois donc fournir à la partie Moulage un grain de qualité. C’est une technologie de pointe.
Quelles sont les qualités essentielles pour exercer ce métier ?
Il faut être rigoureux, pointilleux. Vu qu’on travaille seul, il faut garder la tête froide, ne pas se précipiter. Il faut être aussi curieux car si on ne comprend pas quelque chose, il faut pouvoir trouver des solutions.
Quelle est la première chose que tu fais en prenant ton poste ?
J’écoute la relève. Quelles sont les directives ? S’il y a eu des pannes. Nous sommes 5 à tourner sur le poste plus un mouleur qui est formé pour éventuellement nous remplacer.
Qu’apprécies-tu le plus dans ton métier et qu’apprécies-tu le moins ?
Ce que j’apprécie c’est l’autonomie. On a la production de la journée, on doit produire. Je sais ce qui va entrer, ce qui va sortir, j’ai les directives, à moi de faire en sorte que la production tourne.
Ce qui me plait moins ce sont les horaires. On tourne matin/après-midi et nuit. Mais en même temps, cet inconvénient est compensé par les jours de repos. Le poste est exigeant mais on a du temps pour nous.
Les avantages c’est aussi le confort à travailler ici. C’est une entreprise ouverte, les gens sont accessibles et puis le salaire suit. Ce qui est aussi une forme de reconnaissance.
Cela compense les inconvénients en termes d’horaires
De quoi es-tu le plus fier ?
J’étais là au premier coup de pelle de Diamant 3, j’étais là pour sa mise en service et je suis là aujourd’hui pour faire évoluer Diamant 3.
C’est-à-dire ?
Je suis aussi force de proposition pour optimiser les process. On nous demande de réfléchir à des solutions, on est là à la conception des solutions. C’est cela qui est motivant, c’est quand il y a du piquant. Les idées viennent de nous car nous connaissons les problèmes. Même si on est seul à notre poste, nous sommes en relation avec les autres. C’est un travail d’équipe avec la maintenance, les gens du moulage, les travaux neufs. Si chacun travaille pour soi cela ne peut pas fonctionner.
Aujourd’hui je suis fier de participer à un futur projet Diam. Cela veut dire que l’on a confiance en moi et qu’il y a de la reconnaissance.
Ce qui te fait te lever tous les matins pour Diam Bouchage ?
C’est bête à dire, mais c’est parce qu’il y a une personne qui m’attend et je dois faire la relève. Et même si c’est 4H00 du matin, par respect, je suis là pour cette personne qui a fait sa nuit et qui m’attend. Et puis j’aime mon travail et l’entreprise est ouverte : tout le monde est accessible, il y a du dialogue, les conditions de travail sont bonnes.
Que dirais-tu aux jeunes qui ne connaissent pas le monde de l’industrie, pour leur donner envie de s’y intéresser ?
Je leur dirais de ne pas écouter les on-dit et d’aller voir par eux-mêmes.
Une usine ça évolue, on peut changer de poste facilement, on peut évoluer.
Je n’ai jamais été au chômage, j’ai toujours enchainé. Le travail cela permet d’avoir un équilibre pour garder les pieds sur terre. Moi j’ai été électrotechnicien car mon frère a fait également ces études-là. Ils m’ont dit « si tu veux du travail, fais cela, tu ne seras jamais au chômage ». On peut faire de l’électricité, de l’automatisme, de la maintenance, du froid… c’est ouvert.
Et puis j’ai envie de dire aux jeunes qu’il n’y a pas de sots métiers, même si a priori on est sous-qualifié, il faut y aller.
Et toi dans le futur ?
Ce qu’on nous demande, de plus en plus, c’est de la polyvalence et d’avoir des connaissances sur différents postes. En ce moment, j’ai commencé à faire des rotations avec le technicien de maintenance. C’était une demande de ma part. J’évolue encore. Aujourd’hui j’ai 29 ans, je suis encore jeune, la production me plaît et à terme j’aimerais avoir un poste avec plus de responsabilités. Il faut se faire son expérience, trouver les opportunités et le travail ça paie toujours.
Interviews croisées #1 - Boncolac Pâtisserie
Clémentine Guiraud, Directrice du site de Rivesaltes (66) et de Montblanc (34)
Clémentine, raconte-nous ton parcours professionnel.
J’ai fait un bac S et obtenu une licence en biologie et un master en production agroalimentaire.
J’ai toujours travaillé dans l’agroalimentaire. D’abord dans l’univers du vin, cela m’a beaucoup plu car c’est un produit vivant dont on suit l’évolution. Puis je suis partie dans le secteur de la viande et malgré mes a apriori je m’y suis plu. J’en ai apprécié autant le produit que les gens. Après une petite incursion dans la métallurgie, je suis rentrée comme responsable qualité, il y a 10 ans, chez Générale Pâtissière, (aujourd’hui Boncolac Pâtisserie). C’était un beau challenge, car on partait de rien en termes de qualité. Dans un contexte où on a connu une croissance exponentielle en 3 ans et la construction d’un site, c’était une aventure un peu folle mais, sans jeu de mots, je me suis régalée ! C’était une belle entreprise que Boncolac a rachetée en 2011.
On a continué à se développer et j’ai mené de beaux projets comme la certification du site ou le déploiement de SAP. Début 2016, Mon directeur en partance vers de nouveaux horizons, a proposé mon nom pour prendre sa suite. C’était inattendu et une vraie marque de confiance. Je l’ai pris comme un défi, un nouveau challenge à relever. C’est arrivé vite et cela fait maintenant 18 mois que je dirige les sites de Rivesaltes et de Montblanc. Pour prendre ce poste, j’ai été accompagnée en coaching pendant les premiers mois et j’ai aussi suivi une formation interne, mes résultats aux différents tests m’ont complètement rassurée sur mes capacités.
En quoi consiste ton métier ?
Ce n’est certainement pas une fiche de poste qui va cadrer ce que l’on fait. Je me sens d’abord comme un chef d’orchestre qui doit faire en sorte que tout s’harmonise dans le bon timing, au bon rythme, avec les bonnes personnes. C’est aussi un rôle de capitaine de navire qui doit donner le cap, challenger les équipes, leur donner des objectifs.
Quel a été ton premier enjeu en arrivant à ce poste ?
Ma première volonté était que chacun ait conscience que l’on a tous un rôle à jouer, que l’on a tous de la valeur et que ce n’est pas le directeur d’usine qui doit tout porter sur ses épaules.
Dès le début j’avais donc besoin d’une équipe d’encadrants autonomes et qui trouvent collectivement des solutions.
L’idée est que les gens se fassent plaisir, progressent, se sentent en liberté pour mettre des choses en place. Pour cela, j’ai beaucoup communiqué, échangé, informé. J’ai même été jusqu’à me mettre en retrait pour que les salariés deviennent force de proposition. Et là j’ai dû lutter un peu contre moi-même.
Aujourd’hui il y a de l’émulation entre les personnes, c’est un cercle vertueux.
Quelle a été la perception des salariés à ta prise de poste, toi qui venais du sérail en tant que responsable qualité ?
Quand j’ai pris mon poste, les gens me connaissaient déjà. Ils étaient contents pour moi et en même temps avaient un peu d’appréhension car je suis connue pour mon caractère fort.
Je suis exigeante et je ne me contente jamais d’un « c’est comme ça, ça ne marche pas ».
Il a fallu aussi que je prenne sur moi. Ce poste m’a fait grandir, me remettre en question. Être directrice, c’est quand même être seule au final dans ses prises de décisions. On est face à soi. Si on n’accepte pas de se remettre en cause, cela devient très compliqué pour soi et les autres.
Le fait d’être une femme ne pose aucun problème. Et même si j’ai senti quelques a priori notamment au niveau du groupe, à un moment le débat ne se pose plus car les résultats se mesurent sur le terrain.
Quels sont les prochains enjeux ?
Un projet d’agrandissement pour lequel je me suis battue. J’ai défendu mon usine et son avenir. Cet agrandissement est de nouveau un challenge. Il va falloir mener le projet dans un timing serré et avec des équipes restreintes. Des mois intenses nous attendent avec une forte croissance.
L’enjeu est de trouver l’équilibre et ne pas déstabiliser l’organisation. Aujourd’hui, c’est une usine qui fonctionne bien avec de bons résultats industriels. Il faut avoir les reins solides et être prêts à encaisser les difficultés qui vont forcément arriver.
Les salariés sont contents de cet agrandissement, car c’est la preuve matérielle que le site est en forte activité. C’est rassurant et cela donne des perspectives.
Pour diriger une usine, quelles sont les qualités qu’il faut avoir ou développer ?
La qualité humaine ! C’est essentiel : diriger c’est d’abord des relations avec les autres.
C’est trouver l’équilibre entre la bienveillance et la fermeté. C’est trouver l’alchimie pour manager des gens très différents.
C’est rare que des gens qui viennent de la qualité, prennent des postes de direction de site. Clairement, je n’avais pas toutes les compétences techniques mais au quotidien la connaissance on la trouve mais la manière de réagir, de gérer la relation, c’est ce qui fait la différence.
De quoi es-tu la plus fière ?
Je suis fière d’avoir une usine qui fonctionne bien, une équipe soudée, heureuse de venir travailler le matin même si on sait que la journée va être difficile. Et je suis fière d’avoir donné envie au groupe Boncolac d’investir dans ce site.
Quelle est la première action que tu fais le matin en arrivant ?
Le tour des équipes pour savoir comment s’est passé la nuit puisque nous travaillons en 3/8. Je prends la température du site. Je rentre le plus souvent possible dans le site et je fais le point tous les jours avec mes encadrants.
Ce qui te plait et ce qui te déplait dans l’exercice de ta fonction ?
Ce qui me plait et ce qui me déplait à la fois, c’est l’autonomie
En effet, je dirige en étant loin du siège, je suis donc vraiment toute seule. Je représente le travail de 80 personnes et cela me plait En tant que directrice, on a une forte responsabilité sur les rendements, les objectifs. Je suis seule à prendre des décisions pour que tout fonctionne. Cette solitude peut-être pesante car parfois je ne peux pas tout partager avec mes équipes. J’ai des décisions à prendre qui reposent sur ma capacité d’analyse. La responsabilité est lourde. Enfin, je suis responsable pénalement en termes de sécurité et il faut en avoir conscience quotidiennement.
Ce qui me plait c’est lorsque les produits sont beaux et bons, que la qualité est là. Ce qui me plait, c’est lorsque les équipes trouvent des solutions ensemble et entrent dans une dynamique, Le plaisir est là !
Qu’est ce qui te donne envie de te lever tous les matins ?
Le fait qu’il y a encore plein de choses à faire. J’ai une histoire avec ce site puisque j’ai participé à sa construction et puis j’aime les équipes et j’aime ce qu’on fait dans cette usine.
Que dirais-tu aux jeunes qui ne connaissent pas le monde de l’industrie, pour leur donner envie de s’y intéresser ?
Moi à 17 ans je ne savais pas ce que je voulais faire. C’est un module de découverte dans l’agroalimentaire qui m’a donné envie d’y entrer.
Il faut savoir que l’agroalimentaire c’est ultra-concret : on nourrit les gens. Et même si malheureusement cela est décrié à l’extérieur car nous faisons de la « pâtisserie industrielle », tous les jours avec mes équipes, nous devons faire de la pâtisserie de qualité, cela doit être beau et bon. La notion de plaisir est très forte car avec un dessert tu dois faire plaisir aux gens.
Je dirais également que c’est un beau métier, C’est dur oui, et ce n’est pas tous les jours facile mais on peut prendre du plaisir car on construit quelque chose. Tous les jours c’est concret, ce sont des équipes qui sortent des tartes quotidiennement. Ce n’est jamais monotone, il se passe toujours quelque chose.
En plus, on peut évoluer. Dans les équipes de production, la plupart sont entrés comme opérateur mais tout le monde à sa chance si la volonté d’évoluer est là. Souvent dans l’usine ce sont des métiers de la seconde chance et il y a de vraies belles opportunités.
Recherchez-vous des postes ou des profils particuliers en ce moment ?
C’est difficile de trouver des techniciens de maintenance. Il reste encore un poste vacant, et on cherche désespérément !
En production on a fait monter les opérateurs en compétences. On a besoin de nouveaux conducteurs de lignes, de préparateurs et d’opérateurs. On va embaucher 10 personnes en début d’année. Il y aura encore sur les prochains 18 mois une quinzaine de postes à pourvoir.
Un mot de plus ?
Ce qui fait partie aussi de ma réussite, c’est l’équilibre entre travail et famille. J’ai pris ce poste avec 2 enfants de moins de 3 ans. Cela aussi était un sacré défi.
Stéphanie, raconte-nous ton parcours professionnel.
Je suis rentrée par hasard dans l’agro-alimentaire. Quand je suis arrivée dans la région à 18 ans, je me suis inscrite en intérim. J’ai commencé à la confiserie du Tech où je devais faire à la poche des décors en chocolat. J’y suis restée quelques années.
Et puis le site de Rivesaltes a ouvert. J’ai commencé comme opératrice. J’ai évolué au poste de conductrice de ligne emballage. Cette année j’ai bénéficié d’un CQP (Certificat de Qualification Professionnelle). Cela met en confiance, car cela m’a prouvée que je suis capable de mener un projet.
Quel était le projet dans le cadre du CQP ?
J’ai travaillé sur l’optimisation de la ligne Nappage. Je passe l’oral en janvier et même si je stresse un peu, en même temps je connais bien mon travail.
En quoi consiste ton métier ?
Mon travail est de faire en sorte que ma ligne d’emballage tourne, que les produits soient conformes. En résumé, si les produits ne sont pas conformes, ils ne seront pas emballés.
Concrètement, il y a plein d’étapes pour vérifier la conformité d’un produit : le passage des point de contrôles, le rayon X, le contrôle des températures, le contrôle par le visuel (est ce que le produit est beau ? Si une tarte est moche non seulement le client ne la mangera pas mais en plus il n’en rachètera pas), la traçabilité du produit…
Quels sont les enjeux de ton métier ?
Je suis conductrice de ligne, j’ai donc la responsabilité de toute la ligne et des gens qui y travaillent. Sur une ligne cela peut aller de 3 à 20 personnes. S’il y a une non-conformité, des erreurs, c’est vers moi que l’on se tourne.
Pour exemple, sur une production de tartes en 27 cm, on va emballer une palette par quart d’heure. Une palette, c’est 96 cartons avec 2 tartes par carton, sur 8 heures de travail. Je vous laisse faire le calcul mais cela en fait des tartes à emballer, à vérifier qu’elles soient conformes et que la ligne tourne !
Qu’est-ce que tu aimes dans ton métier et ce qui te plait moins ?
Sans hésiter le côté humain, le contact. Je forme également le personnel. Et j’adore partager mon savoir-faire. Dans ce métier, tu rencontres tous types de personnes, de tout âge, de tous milieux. C’est très diversifié, et autant je leur apprends autant j’apprends d’elles.
Les avantages de mon métier, c’est que l’on apprend tout le temps. Les inconvénients : le froid ! Même si je bouge tout le temps, on travaille à des températures de 7°.
Quelle est la première chose que tu fais en arrivant sur ta ligne ?
Je regarde la production à venir et je mets en place la ligne. Je règle les tapis, je règle les rayons X, les bonnes étiquettes pour le bon client, je gère les jets d’encre….
Quelles sont les qualités essentielles pour exercer ce métier ?
La patience et l’écoute. Parfois les gens n’osent pas dire, il faut savoir bien écouter, bien entendre pour trouver avec eux des solutions.
La patience car parfois certaines personnes sont dures, certaines ont de fortes personnalités, parfois il y a des conflits. Il faut être zen.
La franchise est également importante. Cela est nécessaire de dire les choses pour ne pas y revenir 20 fois. Quand on dit les choses, cela fait avancer le travail et la personne.
De quoi es-tu la plus fière ?
Je suis fière quand je forme les intérimaires et les titulaires. Je le fais toujours avec cœur. Quand je les forme, je sais qu’elles en sont capables et que je vais leur donner les moyens d’y arriver.
Ce qui te donne envie de te lever tous les matins ?
Mon métier. J’aime ce que je fais, j’aime voir ce qui se passe. Je suis d’un naturel curieux.
Comment aimerais-tu évoluer sur le site ?
Mon souhait est de gérer l’ensemble des lignes emballages, c’est-à-dire les 3 équipes et travailler sur la formation du personnel.
Que dirais-tu aux jeunes qui ne connaissent pas le monde de l’industrie, pour leur donner envie de s’y intéresser ?
L’usine c’est un endroit où on apprend beaucoup. C’est enrichissant. Ici on développe la polyvalence, on ne fait jamais la même chose.
On peut commencer sans qualification et évoluer. Moi j’avais un Cap et BEP pour travailler en maison de retraite. Et puis finalement cela ne m’a pas plu. Par contre je me suis régalée en travaillant dans la confiserie et aujourd’hui je suis là.
Ici, on peut se former. Le CQP en est une preuve. J’ai fait plein de formations. Aujourd’hui je forme les autres à la sécurité au niveau des transpalettes électriques. La sécurité est une priorité. Tout est intéressant et si on a envie, on peut y arriver, on peut évoluer.
Et en termes d’emploi ?
On a embauché des intérimaires en CDI. C’est également une usine où l’on prend des stagiaires, c’est rare. Ils en prennent souvent et c’est bien. C’est une usine où la porte est ouverte.
Le pied à l'étrier
C’est notre façon de donner leur chance à des personnes en quête d’un emploi, d’aider les chefs d’entreprise rencontrés à résoudre leurs enjeux de recrutement mais aussi de relayer la dynamique bien réelle de nos industries.
Vous souhaitez y contribuer ? Alors n’hésitez pas à partager l’information autour de vous ou via vos réseaux sociaux ! Vous pouvez également nous transmettre les offres dont vous auriez connaissance, ou inciter les chefs d’entreprises industrielles de votre entourage à nous faire parvenir leurs besoins, nous les publierons et ouvrirons au besoin sur ce site une rubrique entièrement dédiée à l’emploi.
AVRIL 2018
PSD – SITE DE LIBOURNE (33)
Recherche Stagiaire, maintenant, pour faire de la programmation machine.
Contact : a.deniau@psdsas.fr
Téléphone : 05 57 51 06 29
JANVIER 2018
DIAM BOUCHAGE (groupe Onéo) – SITE DE CERET (66)
À vous de jouer pour approcher cette entreprise en recherche future de conducteurs et conductrices de lignes de production !
Mais d’autres opportunités d’emploi peuvent être ouvertes à termes. Diam Bouchage peut être intéressé par des profils divers et variés.
Pour vous faire connaître et adresser votre CV, un seul contact :
DECEMBRE 2017
BONCOLAC PÂTISSERIE – fabrication de pâtisseries surgelées – SITE DE RIVESALTES
Avenue Alfred Sauvy, 66600 Rivesaltes
Cherche technicien de maintenance expérimenté qui a envie de rejoindre une équipe dynamique !
Le site de Rivesaltes recherche son technicien de maintenance : sens de l’analyse, méthode, réactivité, autonomie et capacités relationnelles seront vos atouts pour venir renforcer une équipe qui a à cœur d’apporter son savoir-faire au service de la performance industrielle du site.
Nous sommes toujours en recherche de nouvelles compétences, il y a des opportunités d’emploi et d’évolution dans les métiers de la production :
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Enfin, Boncolac Pâtisserie n’hésite pas à prendre des stagiaires.
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